Que deviennent vos données sur Internet ? Plongez dans l'envers du décor!

Chaque jour, nous laissons derrière nous beaucoup de données numériques : recherches Google, likes sur les réseaux sociaux, commandes en ligne, localisation GPS, historique d'appels...
Mais où vont toutes ces informations ? Qui les utilise ? Et surtout, à quelles fins ?

Vos données personnelles : une richesse convoitée

Dès que vous ouvrez un site web ou une application, vos données commencent à être collectées :

  • - Informations d'identification (nom, email, téléphone)
  • - Données comportementales (clics, temps de lecture, historique d'achat)
  • - Données sensibles (santé, situation financière, opinions politiques)

La majorité des services gratuits vivent de la monétisation de ces données, via la publicité ciblée ou leur revente à des "data brokers" aussi appelé courtiers en données.

Les data brokers : des marchands de vies numériques

Les data brokers agrègent, croisent et revendent vos données à des entreprises, assureurs, recruteurs...
Ils peuvent dresser des profils extrêmement précis : niveau de vie, habitudes de consommation, orientation sexuelle présumée, valeur de votre patrimoine.

Ces informations servent à vous proposer des publicités très ciblées... ou à vous exclure d'une offre de crédit par exemple.
Tout cela est légal dans une certaine mesure, tant que les lois locales sont respectées.

En effet, bien que le RGPD impose un cadre strict à la collecte et à l'utilisation des données personnelles, et que la CNIL n'hésite pas à sanctionner les abus, cela n'empêche pas certains acteurs du marché de contourner les règles.
Parmi eux, plusieurs data brokers exploitent des zones grises juridiques, voire enfreignent clairement la législation, en revendant de manière opaque ou dissimulée les informations personnelles d’utilisateurs collectées via des sites web ou des applications.
Ces pratiques incluent souvent l’absence de consentement éclairé, un manque de transparence sur les destinataires finaux des données, ou encore l'utilisation de sources tierces peu fiables.
Résultat : vos données peuvent se retrouver entre les mains d’acteurs peu scrupuleux, sans que vous en ayez conscience.

Quand vos données basculent dans l'illégal

Les data brokers et les entreprises qui leur achètent des données représentent des points de centralisation majeurs de vos informations personnelles.
Or, leurs infrastructures informatiques sont souvent insuffisamment sécurisées. Ce manque de protection en fait des cibles de choix pour les cybercriminels, qui peuvent facilement y accéder, voler des volumes massifs de données déjà centralisées, puis les revendre ou les exploiter à des fins malveillantes.


Voici ce qu’on peut y trouver :

  • - Identité complète : nom, prénom, adresse, numéro de sécurité sociale (10 à 90€)
  • - Identité complète de personnes importantes (politicien, activiste, PDG, etc.) et documents (relevé de facture, scan de carte d'identité, etc.) pour plusieurs milliers d'euros
  • - Accès à des comptes (Netflix, Gmail, Amazon, impôts...)
  • - Données bancaires (carte bleue, IBAN)
  • - Dossiers médicaux, certificats de vaccination, diplômes

Certaines informations sont vendues en gros, d'autres sont exploitées pour des campagnes de fraude ou d'usurpation d'identité ciblée.

Comment se protéger ?

  • - Limiter les partages inutiles : ne donnez pas votre date de naissance ou numéro de téléphone à tout-va.
  • - Vérifier les autorisations d’applis : une lampe torche n'a pas besoin d'accéder à vos contacts !
  • - Utiliser des outils de protection : navigateur orienté vie privée (Brave, Firefox), bloqueurs de traqueurs, VPN.
  • - Activer la double authentification (2FA) partout où c'est possible.
  • - Faire des audits réguliers : revoyez les comptes que vous n'utilisez plus, les appareils connectés à votre compte Google/Facebook...

Vos données sont un produit et font l'objet d'un commerce légal et illégal, le plus souvent sans que vous en ayez conscience.
Mieux comprendre ce circuit est le premier pas vers une reprise de contrôle, car si l'on ne peut pas disparaître d'Internet, on peut à minima y laisser les traces choisies.